L’église de Saint-Michel de Rieufret

Une grande église pour un petit village.

Vous l’avez forcément remarqué, l’église de Saint-Michel de Rieufret est relativement importante pour notre village. Depuis l’autre rive du Riu fred, on découvre plus facilement l’ampleur de l’édifice et en particulier sa largeur. En la visitant, on découvre qu’elle est non seulement vaste, mais aussi plutôt confortablement aménagée : les tribunes qui surmontent l’entrée, les sculptures et les retables qui habillent les chapelles et le chœur sont réellement soignés.

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Histoire de l’édifice

Les grandes dates de ce lieu de culte catholique sont :

  • la fin du 12e siècle, quand le pèlerinage vers Compostelle bat son plein,
  • le 16e siècle, vers 1590 quand l’église est encore une fois reconstruite, toujours plus grande, avec des éléments et des techniques propres au gothique flamboyant, peu visibles aujourd’hui si ce n’est le beau clocher-porche et les baies.
  • Et enfin le 18e siècle, en 1716, quand les voutes sont reconstruites et l’intérieur doté des retables et des tribunes, datées 1725 et 1730, que l’on connaît aujourd’hui.

Au fil des siècles, la paroisse devient riche grâce aux fêtes – des foires – en l’honneur de l’archange saint Michel, qui se célébraient autour du 8 mai et du 29 septembre et du passage des pélerins. Le culte à l’archange Michel, peseur et guide des âmes, se répand en Europe peu avant l’an mille. Parallèlement, le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, s’intensifie depuis que, selon la légende, Charlemagne a reçu l’ordre céleste de venir libérer des Maures le tombeau supposé de l’apôtre Jacques.

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En route vers Saint-Jacques de Compostelle

En Guyenne, les itinéraires pour Compostelle et les variantes étaient nombreux, mais par chance pour la paroisse, le moine Gérard de Corbie a fondé en 1079, à proximité, l’abbaye de la Sauve Majeure, sur l’autre rive de la Garonne. Il en a fait un point de départ pour les pèlerinages. L’itinéraire de la Sauve à Bazas ou Captieux fait traverser le fleuve au Tourne ou à Langoiran, pour Portets. A Saint-Michel, on se reposait et on se préparait à aborder le marécage landais, en empruntant le chemin Roumieu en direction de Guillos. Et le pèlerinage est devenu une occasion de gagner le paradis, au début du 11e siècle quand le pape Calixte II, c’est un frère de Raimond de Bourgogne, qui a hérité de la Galice, fait de Saint-Jacques de Compostelle une ville sainte : cela lui donne le même rang que Rome et Jérusalem.

Par la suite, on part moins pour Compostelle, mais Saint-Michel devient une destination de pèlerinage, grâce à  une pratique miraculeuse dans l’église qui était sensée écarter les crises d’épilepsie – le mal caduc. On faisait franchir aux patients une veyrine, un trou pratiqué derrière le chœur. Au 17e et 18e siècles, le pèlerinage attirait de nombreux fidèles, y compris depuis les landes et rapportait beaucoup d’argent. Il cessa en 1810.

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Une église qui a attiré des protections !

Mis à part le compositeur Clément Janequin (1485 – 1558), maître de musique et chanoine, qui en percevait les bénéfices, il y a les bienfaiteurs du relèvement de l’église,

  • Jean de Montferrand et son fils Gaston, (c.1550 -1597), dont les armes sont peintes sur un mur de la nef. Ce sont les seigneurs du lieu, barons de Landiras et de Langoiran. Ils descendent de neveux du pape Clément V. Gaston avait épousé en 1573 une pieuse nièce de Michel de Montaigne, Jeanne de Lestonnac, (elle a été béatifiée en 1900), dont l’église conserve une relique.
  • Plus près de nous, un érudit, homme politique, Edmond de Carayon-Latour, celui qui fit construire le château de Grenade. A partir de 1873, sa famille et lui accompagnèrent la commune dans la restauration de l’église, en aménageant deux chapelles et en les dotant de peintures et d’un intéressant mobilier.